Molène, suite, fin & bilan

Secteur Postal 212

« Qui voit Molène repart sans peine » dit le dicton.

Nous avions pourtant le coeur un peu serré lorsque le bateau nous embarqua à son bord et nous ramena sur le continent après quinze jours de vie, de recherche et de création sur ce petit rocher.Une résidence sous le signe de la rencontre. Rencontre des habitants insulaires, d’un nouveau biotope, de traditions maritimes, d’une nouvelle façon de vivre. On se rappellera longtemps de Philippe et de ses histoires de toilettes mortuaires et d’arrêt de bus, de Gérard et de la visite nocturne, privée et exceptionnelle du musée du Drummond Castle, de cette soirée à la Chimère avec Christian le pêcheur, Guy son frère, Jacques le voileux qu’a tout appris des vieux, Guy le capitaine, Sylvie sa copine, Jean-Michel discret et présent… Et puis aussi, le mauvais vin de l’Archipel qui passe grâce à l’ambiance, Marie la Patte et Marcel son fils qui nous ont payé la tournée du patron,  les récits de Ludovic sur son métier de pêcheur, la rencontre avec le doyen de l’île, plus de 100 ans le bonhomme et il se ballade encore…

Des histoires, des personnes et des paysages plein la tête.

Pour ce qui est du travail sur la création de Secteur Postal 212, c’est encourageant. Comme je l’ai répété régulièrement, le but est de vivre des expériences différentes et décalées à chaque résidence. Là, difficile de faire plus décalé car venir sur l’île Chauve pour travailler autour d’un arbre, c’est un peu paradoxal mais c’est aussi pour pousser jusqu’au bout les limites de notre théorie.

Nous avions aussi la volonté de récolter quelques témoignages sur la transmission mais cette fois-ci, sans obligation de résultat. Voici pourquoi nous nous sommes d’abord fait observer par toute la population, en continuant notre travail. Il y a, dans le spectacle, un rapport à la correspondance et c’est par l’intermédiaire du « Facteur Chance », Robert, que nous avons communiqué. Voici le courrier que les iliens ont reçu dans leur boite aux lettres :

Il y avait aussi plusieurs défis à relever : vivre et jouer durant quinze jours sur un tout petit bout de terre, sans arbre, avec un climat rude et avec la nécessité de raconter nos histoires propre en les intégrant à la réalité du territoire. Enfin, essayer d’aller jusqu’au bout du spectacle et proposer une sortie de résidence le samedi 10 avril à 16h16.

Un bilan s’impose : Notre première victoire fut celle d’avoir su se faire accepter sur l’île, sans déranger mais en questionnant la population. Je me souviens avoir demandé le nombre de chaises qu’il fallait pour notre expérimentation et la réponse du secrétaire de mairie fut celle-ci : « Une vingtaine… Je vais te dire, si déjà vous avez trente personnes de l’île, c’est que vous aurez du monde… ». Heureusement que nous avions sorti plus de chaises car nous avions prêt de 150 personnes présentes lors de l’expérimentation publique devant le Penty Ar Vag (centre de secours et lieu central de rendez-vous, « l’arbre à palabres »).

De plus, nous avons réussi à intégrer notre fiction dans ce paysage particulier. C’est par des petites phrases, des sons révélés  grâce au professeur Sylvestre et par la présence de Samuel notre facteur, que nous avons réussi à parler de l’île, de ces histoires et de ces secrets. Nous aurions pu pousser un peu plus loin dans ce sens mais nous avions comme objectif de créer un spectacle qui pourra jouer partout, sans phase d’immersion préalable et sans écriture spécifique. C’est pourquoi nous n’avons volontairement pas orienté cette expérimentation sur un rapport plus intime avec le territoire.

Ensuite, et c’est peut-être regrettable, nous n’avons pas utilisé toute la matière disponible. Durant cette résidence, nous étions encore en recherche et nous avons proposé et développé de nouvelles choses. Cela a pris du temps, de recherche et de calage et il nous en a manqué un peu pour réussir à mêler ces nouvelles propositions avec ce que nous avions fait auparavant. Ainsi, le public n’a pas assisté au parcours préliminaire, ni à l’histoire de Samuel et de sa grand-mère, ni à la distribution publique de lettres par l’Arbre de transmission. Nous ne sommes donc pas arriver au bout du spectacle. Ce n’est pas grave, il nous reste encore du temps et nous avons à présent toutes les cartes en main pour mixer les nombreuses expériences que nous avons vécues durant toute la création.

La recherche est à présent terminée et nous entrons dans la phase de réalisation des décors, des costumes et de la fin d’écriture du scénario. Tout cela se fera au cours des mois de mai et juin. Le Dandy ManchÔt reprend donc sa plume, son pinceau et sa machine à coudre et s’attelle au travaux de finition de la pièce en vue de la première qui aura lieu le 08 juillet 2010 lors du 20ème festival de l’Imaginaire à Terrasson-Lavilledieu (24). Nous vous y attendons ! à très bientôt…

Pour finir, un grand merci à la municipalité de Molène et à tout ces habitants ; au Fourneau – CNAR en Bretagne et à toute son équipe : Michèle, Claude, Caroline, Maël, Aurélien, Laurent, Philippe et les autres ; à Marie pour son hospitalité à la Chimère ; à la Penn Ar Bed, qui nous a emmené et ramené à bon port et qui, en perdant notre container nous a permis de rencontrer les gens et de faire parler de nous, une très bonne entrée en matière…

Toute l’équipe du Dandy Manchot ressort de cette résidence, emmerveillée, soudée et confiante pour la fin de la création :

Christophe Nozeran : Super cuistot et technicien

Olivier Maxch : Passeur, esprit des plantes et comédien

Sylvestre Mignot : Sono-Sylviculteur, comédien et musicien

BouèB : Facteur, comédien

Jérémie Steil : Direction artistique, trait d’union, comédien.

Crédits photos pour cet article :

Claude Morizur et Jean-Marie Gral – espace multimédia Le Fourneau

&  Le Dandy Manchot


Retrouvez tous les liens externes pour cette résidence :

Journal de bord du Fourneau

Site internet de l\’île Molène

article de Ouest-France

Galerie photos du Dandy ManchÔt

Molène, la suite

Secteur Postal 212

Quelques difficultés à se connecter et peu de temps pour rédiger un article qui expliquera en détail notre travail à Molène et la sortie de résidence.

Alors, pour vous faire patienter, je glisse ici quelque liens où se trouvent photos, articles de presse et carnet de bord du Fourneau.

à très bientôt pour un récit plus complet et plus personnalisé.

Article de Ouest-France

Sortie de résidence en photos

Journal de bord du Fourneau